Prison mentale
« Une chambre blanche et lumineuse. Des grandes fenêtres ornent le mur de gauche. À droite, un petit lit d’hôpital est coincé entre la porte et le mur. C’est tout ce que contient la pièce. Les murs sont vides, tout est vide ; comme pour rappeler le néant de l’existence. Des barreaux sont placés devant les fenêtres, pour ne pas oublier la condition d’emprisonnement. Prise au piège dans son propre corps, anéantie par sa propre âme.
Cela fait bien longtemps que j’ai arrêté de penser, l’esprit ankylosé par les médicaments que l’on me fait bouffer. Les jours se succèdent au rythme des rayons de soleil qui font jouer ombres et lumières dans la pièce ou des gouttes de pluie qui apportent un peu de musique, mais se ressemblent tous au-delà des fluctuations météorologiques. Je tourne en rond comme un poisson dans un bocal. Parfois, dans une lueur, je me souviens et je hurle, je tente de grimper au mur, je proteste. Le plus souvent, je reste sagement recroquevillée dans un coin en gémissant, balançant machinalement la tête d’avant en arrière, devenue incapable de ressentir la moindre douleur quand le mouvement se fait plus fort, heurtant le mur sans plus aucune conviction. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là. Je ne sais pas combien de temps je vais rester enfermée là. Mais je ne me pose même pas la question ; je ne me pose plus aucune question. Le temps n’existe plus. »
2021