Pour moi, la photographie est une ouverture sur l’âme. Une façon de s’exprimer, de se façonner, de se réécrire en vue de se libérer et de reprendre confiance. Derrière mon appareil, corps et émotions se mettent à nu pour une extériorisation des ressentis et une réappropriation de son image…
C’étaient ces jours de pluie, c’étaient ces jours d’espoir C’étaient ces jours de gris que comptaient les histoires Ces jours où la lumière voulait percer le noir Ces jours où murmuraient les coups de vent du soir
C’étaient des gouttes d’eau qui glissaient sur les plantes Des petites chenilles qui remontaient la pente Un nénuphar caché à l’abri des torrents Un oiseau audacieux qui combattait le temps
C’étaient des chats mouillés qui faisaient le gros dos Secouant leur fourrure et trempés jusqu’aux os C’étaient des chiens errants qui cherchaient une bonne âme Des couples sous la couette qui ravivaient leur flamme
C’étaient des solitaires qui contemplaient la terre La regardant tourner assis sur une fenêtre C’étaient des déprimés qui imitaient le ciel Pleurant pour oublier leurs soucis personnels
C’étaient des musiciens qui n’avaient peur de rien S’accordant sur la pluie pour chanter leur refrain C’étaient des euphoriques qui hurlaient au grand jour En dansant sous la pluie au point de non-retour
C’était un ver de terre qui rampait sur le sol Une pauvresse droguée que l’on traitait de folle C’était une fleur fanée qui perdait ses pétales Des bourgeois qui buvaient dans des coupes de cristal
C’étaient tous ces soldats qui tombaient au combat Se battant pour une cause qu’ils ne soutiennent même pas C’étaient tous ces enfants qui sautaient dans les flaques Observant dans le ciel la naissance d’un arc
C’était une grand-mère oubliée par les gens Qui se laissait mourir sous les yeux des passants Mendiant seulement pour un joli sourire Avant d’enfin pouvoir se laisser dépérir
C’étaient ces p’tites histoires que murmurait la pluie Contemplant, amusée, le rythme de la vie.